Historique – La CAR (Coordination Asile Riviera)

Le 26 octobre 2004, une soixantaine de personnes répondent à l’appel de M. Jean-Pierre Briot dans les locaux d’Appartenance. Motif : quelle procédure adopter face aux menaces de renvois que les autorités vaudoises font peser sur les requérants d’asile déboutés, des ressortissants d’ex-Yougoslavie pour la grande majorité d’entre eux. Dans l’assemblée, les voisins d’une famille kosovare établie à Vevey témoignent de leur soutien et de leur désarroi face à l’application stricte et sans état d’âme de la loi par nos autorités.

C’est ainsi que naît la CAR, Coordination asile Riviera, nouvelle section locale de la CAV, Coordination asile Vaud.

A cette époque, une importante main-d’œuvre provenant des Balkans a travaillé en Suisse depuis plusieurs années ; cette population est soumise au statut de saisonniers. Beaucoup ont fait venir leur famille. Afin de régulariser la situation face aux afflux importants de regroupements familiaux, un accord est conclu entre le conseil d’Etat vaudois et le conseiller fédéral UDC Christoph Blocher : 825 « cas de rigueur » sont régularisés, en échange de quoi le conseil d’Etat s’engage à expulser les 523 « cas en suspens ».
Des citoyens s’en indignent, s’organisent, et entrent en conflit avec les autorités vaudoises. Objectif : éviter l’expulsion de ces 523 personnes. Le mouvement prend le nom de Coordination asile Vaud en juin 2004.

Dès son entrée sur la scène vaudoise, ce mouvement citoyen organise des refuges dans des paroisses des deux Eglises protestante et catholique. Avec l’appui des Eglises et de personnalités politiques, des parrainages sont organisés. Le mouvement convainc la majorité des députés qui soutiennent le décret de leur collègue radical M. Serge Melly. En janvier 2006 en effet, le Grand Conseil adopte ce décret qui charge le Conseil d’Etat de régulariser les 523. Pour l’ODM (Office des migrations, devenu en septembre 2014 le SEM, Secrétariat d’Etat aux migrations), il s’agit d’une forme de désobéissance cantonale inadmissible.

La Coordination asile Riviera protège des familles kosovares dans des refuges qu’elle ouvre en divers lieux paroissiaux catholiques et protestants à Vevey et à Montreux. La mobilisation est impressionnante, tout comme est remarquable l’investissement en temps : à chaque refuge deux personnes de la Coordination sont présentes 24 heures sur 24 auprès des personnes qu’elles protègent. La CAR tient régulièrement séance, en particulier pour régler les questions stratégiques des refuges, et entretient des contacts avec les Coordinations de Lausanne, du Nord Vaudois, voire du Chablais et de la Broye, toutes constituant la Coordination asile Vaud. La sensibilisation de la population se fait lors d’interventions au marché de la Grenette et lors d’offices religieux dans les églises des deux confessions chrétiennes.

La rue est investie par les contestataires de la politique d’asile de la Confédération. Des manifestations ont lieu à Berne, et sur le plan cantonal à Lausanne, pour rappeler notamment le génocide de Srebrenica – le massacre de plus de 8000 hommes et adolescents bosniaques dans la région de Srebrenica au mois de juillet 1995. Nombreux parmi les 523 sont ceux qui ont souffert de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Le combat est aussi mené sur le plan juridique. Le SAJE (Service d’aide juridique aux exilés), ainsi que différents avocats solidaires avec la cause des requérants déboutés, présentent des dossiers à Berne. Autre face de ce combat : des parrainages de requérants sont organisés conjointement par des personnalités politiques et des responsables des deux Eglises catholique et protestante.

Ce mouvement citoyen va durer quatre ans, jusqu’à la régularisation des 523 qui devient effective en mai 2008 : tous les Kosovars restés dans le canton, soit 344 adultes et 183 enfants, ont donc obtenu un permis au fur et à mesure que l’ODM le leur octroyait. La Coordination asile Vaud a atteint ses objectifs.